Notre Père
Le Notre Père est la prière chrétienne par excellence. Confiée par Jésus lui-même à ses disciples, elle exprime en 7 demandes la confiance de ceux qui sont devenus fils de Dieu par le baptême : Notre Père est un Père plein de bonté et de miséricorde, sa Providence veille sur chacun de nos pas.
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Le Notre Père, un trésor donné par Jésus
Voici le texte de la prière du Notre Père :
Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du Mal.
Amen;
L’histoire du Notre Père
Vers l’an 30 de notre ère, Jésus parcourait la Palestine pour annoncer la bonne nouvelle de l’amour de Dieu pour tous les hommes. Le petit groupe des disciples qui côtoyait Jésus a du être impressionné par la qualité de sa prière. Les disciples lui demandent alors : « Seigneur, apprends-nous à prier. » Luc nous raconte comment Jésus leur enseigne alors le Notre Père, en Luc 11, 1 :
Saint Matthieu aussi le raconte dans son évangile en Mt 6, 9-13 au cœur du discours de Jésus qu’on appelle le sermon sur la montagne, où Jésus résume les grands thèmes de son enseignement.
La traduction officielle
La version de Matthieu, un peu plus développée, du Notre Père, la tradition de l’Eglise l’a retenue et traduite ainsi :
- Que ton Nom soit sanctifié,
- Que ton Règne vienne,
- Que ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel,
- Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour,
- Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés,
- Et ne nous laisse pas entrer en tentation
- Mais délivre-nous du Mal. »
La paternité de Dieu
La prière du Notre Père est donc une prière essentielle du chrétien. Car elle a été reçue directement du Christ, qui s’est révélé comme Fils de Dieu. En donnant cette prière, Jésus invitait tous les chrétiens à s’adresser aussi au Père du Ciel, à reconnaître la paternité de Dieu et accueillir son amour sans limite. Que Dieu soit Père, c’est la grande révélation et nouveauté du christianisme. « Notre Père » implique une relation intime, familiale. Jésus appelle d’ailleurs plusieurs fois le Père « Abba » ce qui signifie « papa ».
Oui Dieu est un Père, heureux du bonheur de ses enfants, heureux du retour du fils prodigue qui a tout envoyé balader, un Père bienveillant et miséricordieux aux bras ouverts quel que soit le chemin parcouru et les fautes commises. Il connait l’intimité de chaque âme, sa puissance d’amour, sa liberté authentique, chaque force qu’il fait grandir et chaque faiblesse qu’il vient visiter par sa bonté.
Une prière, aussi simple que le Notre Père, nous plonge dans la relation avec Dieu, ce qui provoque toujours une grande fête dans les Cieux.
Comment dire le Notre Père ?
Cette prière du Notre Père est un moyen très simple de communiquer avec Dieu, de demander sa protection, d’implorer son pardon. Qui récite le Notre Père n’est plus seul. Dieu prend soin de chacun mieux qu’un père terrestre chérit ses enfants. Le Notre Père est la prière fondamentale, qui ouvre la voie à toutes les autres prières. Dieu souhaite que nous lui demandions, c’est à dire que nous entrions dans cette relation filiale avec lui, qui est le lieu où toutes nos prières sont exaucées.
7 demandes
« Demandez et vous recevrez », dit Jésus (Jn 16, 24). Ainsi, le Notre Père se compose de 7 demandes :
- La sanctification du Nom de Dieu,
- La venue de son règne,
- Sa Volonté accomplie dans tout l’univers,
- Qu’il nous donne le pain « suressentiel » : pain quotidien de l’eucharistie.
- Nous demandons sa miséricorde et nous voulons aussi être miséricordieux à son école.
- Nous attendons son secours dans la tentation
- et que nous soyons délivrés du Mal, du mauvais, du démon. »
Prier avec son cœur
Pour prier en s’adressant à Dieu le Père, il faut « prier comme Jésus nous l’a enseigné », « sans hypocrisie », indiquait le Pape François (audience du 13 février 2019). « Dieu nous connaît dans le secret de notre conscience », ce qui signifie que le Notre Père peut être dit au fond du cœur, par exemple tranquillement dans le secret d’une chambre, en « un dialogue silencieux comme le croisement de regards entre deux personnes qui s’aiment : (…) regarder Dieu et se laisser regarder ».
Le Notre Père plonge dans la Trinité
En disant le Notre Père dans la pureté et le silence de son cœur, c’est-à-dire en faisant de Jésus son « Modèle » (Catéchisme de l’Église catholique 2765), l’Esprit Saint insuffle sa vie en nos âmes (Jn 6, 63) avec tous ses dons
« Simplicité sans détour, confiance filiale, joyeuse assurance, simple audace, certitude d’être aimé » (Catéchisme de l’Église catholique 2778).
Une prière dans l’Église
Par ailleurs, le Notre Père est une prière d’Eglise, proclamée lors de prières à plusieurs, en communauté. Jésus ne nous l’enseigne pas en disant « Mon Père » mais « Notre Père » : c’est la prière de l’Église, qui ne peut pas se dire sans être en communion d’une façon ou d’une autre avec les autres chrétiens. Chez les catholiques, elle tient une place de choix dans la liturgie, au cœur de la messe, point d’orgue juste avant la communion, mais aussi dans la récitation du Rosaire, les Sacrements ou la Liturgie des Heures.
La plus parfaite des prières
Saint Thomas d’Aquin, le grand théologien du 13ème siècle, désigne le Notre Père comme « la plus parfaite des prières ». « En elle non seulement nous demandons tout ce que nous pouvons désirer avec rectitude, mais encore selon l’ordre où il convient de le désirer. De sorte que cette prière non seulement nous enseigne à demander, mais elle forme aussi toute notre affectivité ».
Elle est même « Le résumé de tout l’Évangile », d’après Tertullien, autre grand théologien lui aussi, mais des premiers temps de l’Église. Par le Notre Père, Jésus nous enseigne, se fait notre Maître. Cette prière est un catéchisme.
Un Père qui bénit son peuple : l’Église
Dieu est comme un père qui aime ses enfants, les bénit, les comble de biens. Quand on a été blessé dans sa relation avec le père terrestre, il peut être difficile de ne pas projeter cette image paternelle sur le Père céleste. Mais Dieu le Père est bien au-delà de la paternité terrestre, infiniment bon. Il convient alors de se libérer (ce qui peut prendre beaucoup de temps) de cette fausse image du père pour que le vrai Père, Notre Père, se révèle dans toute sa vérité, par sa grâce. Pour ce faire, le Catéchisme recommande : « ayez en vous le désir et la volonté de Lui ressembler », dans un « cœur humble et confiant » comme celui des enfants. (CEC, 2779-2785).
« Notre Père : ce nom suscite en nous, tout à la fois, l’amour, l’affection dans la prière (…) et aussi l’espérance d’obtenir ce que nous allons demander (…). Que peut-Il en effet refuser à la prière de ses enfants, quand il leur a déjà préalablement permis d’être ses enfants ? » (Saint Augustin).
Une prière contre les divisions et l’individualisme
Le Pape François remarque que le Notre Père est dit avec « le Tu et avec le Nous ». Le « Je » est absent, car « il n’y a pas de place pour l’individualisme dans le dialogue avec Dieu (…), comme si nous étions les seuls au monde à souffrir ». « Nous sommes un peuple qui prie », « des frères et sœurs tous aimés par le même père. » Nous « serons jugés sur l’amour, la compassion, l’amour concret selon la règle de l’Évangile » (audience du 13 février 2019). Pour dire en vérité cette prière, il faut surmonter les divisions au sein des chrétiens. Et entrer en communion avec tout le peuple de Dieu.
Les 7 demandes du Notre Père
Faire germer en nous le Royaume des Cieux
« Notre Père qui es aux Cieux », commence-t-on par dire. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’Il vous regarde depuis un petit nuage entre la troposphère et la stratosphère ! Cela signifie qu’il gouverne chaque chose par sa divine Providence, tout en laissant à l’homme sa liberté de grandir, afin de faire germer et croître le meilleur et de combler sa Création de ses bienfaits.
Dans l’histoire du salut, Dieu a d’abord donné ses des commandements, non pour asservir ou étouffer mais comme des garde-fous sur le chemin de la vie, pour baliser et accélérer notre chemin vers la guérison, la liberté et le Salut. C’est ce qu’Il veut pour vous.
Ainsi, c’est parce que les chrétiens reconnaissent Dieu comme un souverain plein de majesté et d’amour qu’ils proclament son règne et lui adressent toute leur gratitude : « Notre Père, qui es aux Cieux, que Ton Nom soit sanctifié, que Ton Règne vienne, que Ta Volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel ».
1. Notre Père, Que ton Nom soit sanctifié
Par ces demandes, les chrétiens sont dans l’attente de l’accomplissement de l’œuvre de Dieu. En premier lieu, ils prient que le nom de Dieu, profondeur de son intimité qui a été d’abord révélée à Moïse puis pleinement en Jésus-Christ, soit traitée avec respect, de manière sainte. Que la relation de chacun à Dieu soit libre de toute manipulation. Cette sanctification s’opère par l’offrande de nos vies et de nos prières. « Si nous vivons bien, le nom divin est béni ; si nous vivons mal, il est blasphémé » (saint Pierre Chrisologue).
2. Notre Père, Que ton règne vienne
En second lieu, l’avènement du règne du Christ est sollicité. Si le Royaume de Dieu est déjà parmi nous en la personne du Christ, il continue de croître grâce à l’intervention de l’Esprit Saint qui purifie nos cœurs. Ainsi, « le Règne de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint », indique Saint Paul dans la Lettre aux Romains. En cela consiste l’espérance des chrétiens.
3. Notre Père, Que ta Volonté soit faite…
La troisième demande est relative au vœu de Dieu que chacun soit sauvé : « que ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Le plan de Dieu pour nous est celui de l’amour. Que nous nous aimions les uns les autres comme Il nous aime.
4. Notre Père, Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour
Dieu ne refuse pas d’exaucer les demandes concrètes, élémentaires. Comment vivre sans avoir l’assurance d’une nourriture suffisante ou des moyens de faire grandir une famille ? Dieu entend toujours et répond. Il aime cette marque de confiance filiale et souhaite que ses enfants ne manquent de rien. Mais le plus gros manque, et l’on a tendance à l’oublier, est souvent le manque de Dieu !
Car « à celui qui possède Dieu, rien ne manque, si lui-même ne manque pas à Dieu » (saint Cyprien).
La prière ne dispense cependant pas de se mettre à l’ouvrage, bien au contraire :
« Priez comme si tout dépendait de Dieu et travaillez comme si tout dépendait de vous » (saint Ignace de Loyola).
Dieu répond-il toujours à la prière ?
Cependant Dieu ne répondra pas toujours à la prière comme on s’y attendait ou comme on le souhaitait. Dieu cherche avant tout à faire grandir le cœur de l’homme par la conversion et la guérison. Pour avancer dans les voies de l’amour. Qu’un enfant va voir son père en lui demandant beaucoup d’argent à jouer au casino ? Il est de bon sens que le Père préfère l’aider à trouver un travail stable plutôt que de lui donner cet argent à gaspiller. Dieu pense plus loin que nous. Il nous accorde ce qui correspond à nos désir les plus profonds, même si nous ne les connaissons pas, ou pas encore.
« Les vues de Dieu ne sont pas comme les vues de l’homme, car l’homme regarde à l’apparence, mais Yahvé regarde au cœur » (premier livre de Samuel 16, 7).
5. Notre Père, Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés
La Miséricorde est source de justice et de paix, pourrait-on résumer ici. Dieu est juste, mais pas à la manière d’un juge de Cour d’Assise. Dieu se manifeste dans le pardon gratuit de toutes nos fautes. Sa miséricorde est une surabondance de justice, un trop-plein de charité, l’exemple suprême de sa liberté.
Se reconnaître humblement pécheur
Tout d’abord, l’homme, la femme, chacun de nous est appelé à se reconnaître pécheur. Pour revenir à Dieu comme le fils prodigue. Dieu nous accueille. Il nous donne la rémission de nos fautes pour nous en libérer. Ceci afin que nous puissions marcher d’un pas libre et libéré sur le chemin de la vie. Mais le Notre Père dit bien que ce pardon ne pénétrera en nous si nous aimons nos frères et leur pardonnons à notre tour. En cela, nous sommes appelés à imiter le Seigneur.
Si les hommes pardonnent en se mettant à l’école du Père, alors ils trouvent aussi la paix. Bien sûr, c’est difficile et cela demande du temps, de la volonté et surtout… de la prière. Le pardon ne peut se faire sans la grâce de Dieu
6. Et ne nous laisse pas entrer en tentation
Dieu veut nous protéger du Mal car il connaît notre faiblesse. Le Notre Père est une puissante prière de protection, et la première d’entre elles. Notre faiblesse est ce qui permet à Dieu d’agir en nous. Tout-puissants, nous n’aurions pas besoin de Dieu et nous égarerions sur des chemins qui ne conduisent pas à la vie.
Lutter contre le péché
Il s’agit de prier Notre Père pour qu’il nous vienne en aide et colmate les brèches intimes du péché et de la concupiscence. Car par elles s’infiltre le Mal. Les 7 péchés capitaux sont appelés ainsi car ils sont à la racine de tous les autres. Il s’agit de l’orgueil, l’avarice, la luxure, l’envie, la gourmandise, la colère et la paresse. Claudel, l’écrivain et le poète, décrivait les effets désastreux du péché :
« Le péché est un mur construit de par-dedans qui nous sépare de Dieu et des autres hommes… Que ce soit l’orgueil qui nous raidit, ou l’envie qui nous ronge, ou la colère qui nous défigure, ou la gourmandise qui nous abrutit, ou l’avarice qui nous ferme, ou la paresse qui nous paralyse, est-ce que ce n’est pas le même effet toujours (…) ? »
La protection de Notre Père
Cette faiblesse, chacun de nous en fait l’expérience. Nous avons donc besoin de Dieu, notre Père qui nous aime et vient nous secourir. « Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades » (Mc 2, 17). Il s’agit d’implorer l’Esprit Saint dans la prière pour qu’il rende droit nos sentiers. Il nous aidera à discerner dans l’épreuve et reconnaître le mensonge du péché, pour trouver la force nécessaire d’y résister.
7. Mais délivre-nous du Mal
C’est par Satan que la mort est entrée dans le monde. Seul le Seigneur est à même de vous en garder, car c’est un ennemi rusé et séducteur. Le Notre Père ouvre sur l’expérience sacramentelle où nous trouvons sa grâce pour résister aux embûches du démon. Pour cela nous recevons aussi l’aide des anges et des saints que Dieu envoie à notre secours, mystérieusement et invisiblement.
Le Père est notre meilleure sécurité contre le Mal ; « notre secours est dans le Nom du Seigneur ». Il a promis le bonheur à son peuple, voilà la bonne nouvelle ! Les chrétiens attendent son accomplissement dans l’avènement de Jésus-Christ proclamé dans le Credo.
« Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts, et son Règne n’aura pas de fin. »
Le Notre Père glorifie Dieu et appelle la venue de son règne de paix, de joie et d’amour. C’est pourquoi cette doxologie (de doxa en grec, qui signifie la gloire) le conclut souvent :
« Car c’est à toi qu’appartiennent le Règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles ».
« Amen »
Par ce dernier mot, celui qui vient de prier le Notre Père reconnaît la solidité de ce qu’il vient de prononcer. Il témoigne d’un Dieu fidèle à ses promesses et d’une confiance inébranlable en sa Vérité.
Le Notre Père expliqué